⊰ printemps 2023

L'épuisement le gagnait de minutes en minutes. Ces derniers jours avaient été pires que fatiguant et le Serpentard avait décidé de passer le week-end chez lui. Il ne le faisait que très rarement, préférant d'ordinaire rester au château afin de réviser ses ASPICs ou de s'entraîner, mais là il sentait qu'il arrivait au bout du rouleau et que s'il ne prenait pas un peu de repos, il allait craquer. Il avait du subir la pression de son père, annoncer ses fiançailles à Anthea, et il venait de passer la journée au Manoir Evans pour se présenter officiellement à Lionel en tant que futur époux d [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] . Rien que ça lui avait pompé toute son énergie, trop stressé qu'il était que son paternel ne remarque la supercherie. Mais non, il les avait laissé partir sans rien dire, visiblement satisfait de la situation.

Entre ça, le deal qu'il était en train de passer en secret avec [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], le fait qu' [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] lui tournait un peu trop autour à son goût, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui ne lui parlait plus,  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui n'en faisait qu'à sa tête,  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui s'était affiché publiquement avec le rejeton Nevrakis,  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui était une tête de con,  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui l'évitait un peu, ses obligations de Préfet, ses relations avec  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] à garder au beau fixe, son poste dans l'équipe de Quidditch et les ASPICs qui arrivaient,... Il avait l'impression que sa tête allait exploser.

Il fallait qu'il passe une soirée loin de tout ça, et il savait exactement de quoi il avait besoin.

Mauvaise habitude qu'il avait prise depuis bientôt deux ans, de laquelle il essayait de se défaire. Parfois il réussissait, parfois il replongeait. Il se disait que ce n'était pas grave, pas si terrible. Il ne le faisait pas souvent, après tout. Mais bon sang que ça faisait du bien.
Le vert et argent attrapa la poignée d'un petit placard qui faisait l'angle de sa cuisine, ouvrit le battant de bois et s'empara d'une bouteille carrée remplie d'un liquide d'ambre au effluve de feu. Merci papa. Bouteille de Pur Feu dérobée sous son nez, Lawrence débouchona son remède et en respira le parfum avant de s'en servir un bon verre, laissant la bouteille non loin. Du bout des doigts, il tira un petit sachet en plastique de la poche de son pantalon tout en allant s'installer sur un fauteuil confortable, dans son salon. Il en récupéra un petit cachet blanc tout rond, d'apparence inoffensif mais diablement efficace. Il savait que ce n'était pas la solution, mais c'en était une. Il voulait seulement dormir, ne plus penser, ne plus ressentir. Alors, avec un geste légèrement tremblant, il porta la pastille à ses lèvres, lorsque...

TOC TOC TOC.

Tournant vivement la tête vers sa porte d'entrée, le cachet toujours entre ses doigts, Lawrence pesta. Il n'attendait pourtant personne et de toute façon il n'avait donné son adresse qu'à Logan et Lisbeth. Et Jake. Et Théa. Et Alek. Mais ça ne pouvait pas être l'un d'entre eux car il les avait bien prévenu de ne pas le déranger, pas ce soir, qu'il voulait rester seul. L'espace d'un instant, il hésita à ne plus faire aucun bruit et faire comme si il n'y avait personne, mais la réalité le rattrapa et c'est en soupirant qu'il posa son attirail, se leva de son fauteuil et se dirigea vers la porte.

- Je te préviens Jake, si c'est toi je vais t-, commença-t-il en tournant la poignée avant de s'interrompre soudainement.

- J'ai apporté une tourte aux légumes.

Sa bouche s'ouvrit et se referma toute seule à plusieurs reprises, son sang devait avoir disparu de son visage, le faisant pâlir en une demi-seconde, à tel point qu'il du prendre appuis sur le battant et ses yeux se mirent à briller. Non, ça ne pouvait pas être vrai... Désemparé, Lawrence tourna la tête à droite et à gauche, comme s'il refusait de croire ce qu'il voyait. Des yeux si similaires aux siens, le même sourire, des cheveux d'un blonds foncés... Pour qui ne le connaissait pas, on aurait facilement cru à une version de Lawrence plus âgé.

- L-... Liam....

Son frère. Son alter égo. Sa flamme jumelle. Celui qui avait disparu de sa vie un an et demi plus tôt sans plus donner de nouvelles - du moins, c'était ce que Lawrence croyait. Celui qui avait laissé un vide si immense à l'intérieur de lui que personne n'avait été capable de le combler. Celui à qui il pensait chaque jour. Celui qui manquait à sa vie.

- T'étais où.....

Le murmure avait été si faible, si hésitant, si tremblant, que Lawrence n'était même pas certain de l'avoir prononcé. Au fur et à mesure qu'il réalisait ce qu'il se passait, qu'il réalisait que ce qu'il voyait était réel, sa respiration s'accélérait et les larmes se mirent à couler, seules, se perdant sur ses joues et dans les plis de son T-shirt.

- T'ÉTAIS OU ?!

Son poing s'abattit avec violence sur l'épaule de Liam tandis qu'il lui agrippa brutalement la chemise, enfonçant son visage dans son torse. Oui, c'était bien lui. L'odeur de Liam monta jusqu'à ses narines et ses larmes coulèrent de plus belles alors que ses phalanges devenaient blanches sous la force avec laquelle il tenait le vêtement de son frère.

- T'ÉTAIS OU PUTAIN... POURQUOI TU M'AS LAISSÉ SEUL AVEC LUI ? POURQUOI T'ÉTAIS PAS LA ?

Le son de sa voix, bien que puissant, était à moitié étouffé dans le pectoral de Liam. Il continua à donner des coups dans son épaule, pleurant et hurlant en même temps, ne sachant plus ce qu'il devait dire ni penser.

Dans son corps, dans son esprit, dans son coeur, tout se chamboule. Il avait fini par se faire à l'idée, par se résigner. Pour lui, il ne reverrait plus jamais Liam, c'était un fait. 18 mois de silence, d'abandon. Il s'y était fait, même si cela n'empêchait en rien le fait qu'il pense à lui à chaque seconde de sa vie. Lawrence continuait même à envoyer des hiboux, de temps en temps. Hiboux qui revenaient bredouilles. Mais il avait tout de même un fin espoir, quelque part au fond de lui, que Liam soit encore en vie. A la maison, on n'en parlait pas. Logan souffrait de son absence. Lisbeth souffrait de son absence. Lawrence mourrait de son absence. Mais on n'en parlait pas. Cela faisait moins mal.

Et voilà qu'aujourd'hui, il se tenait là devant lui. Tel un mort revenu parmi les vivants alors qu'on n'y croyait plus. Lawrence qui, d'habitude, retenait toutes ses émotions se laissa complètement aller à pleurer contre le torse de son frère. C'en était trop, trop d'un coup. Entre deux sanglots, il distingua la voix de son aîné et saisit les termes "égoïste" et "pardon" à plusieurs reprises. Relevant le visage en s'extirpant de l'étreinte fraternelle, Lawrence s'essuya les yeux avec ses manches avant que le soulagement ne laisse place à la colère.

- Pardon ? PARDON ?

Sans réfléchir, le poing de Lawrence se contracta et il l'envoya directement dans la mâchoire de son frère, lui collant un crochet qui contenait à lui seule toutes les émotions qu'il avait du refouler durant cette année et demi d'absence. Comme s'il n'avait attendu que ça, les mots commencèrent à se déverser, tel un venin, sans qu'il ne cherche même à les arrêter.

- Est-ce que t'as seulement la moindre idée de ce que j'ai vécu ? De ce qu'ON a vécu ? commença-t-il alors que son timbre de voix se faisait de plus en plus lourd. Tu sais combien de fois je me suis retrouvé dans son bureau ? Combien de fois j'ai eu la trouille de crever, de pas en ressortir ? Et... Et...

Son coeur débordait de soulagement et de rancoeur à extérioriser. Il aurait voulu lui dire, tout lui dire. Lui dire qu'il avait essayé de tout gérer seul. D'être un repère pour Morgan, pour Logan, pour Maël, pour Lisbeth. D'être un bon fils en passant ses ASPICs avec succès. D'être son digne successeur en laissant sa marque dans Poudlard, en étant un mentor pour les élèves de Serpentard. Mais que tout ça, c'était trop. C'était bien trop. Pas sans lui.

- Pourquoi... Pourquoi tu....

Les mots commençaient à avoir du mal à sortir et les larmes se remirent à couler le long de ses joues.

- Pourquoi tu répondais jamais à mes hiboux ? Pourquoi... t'es parti ?