⊰ printemps 2023

 

Septembre 2019 | Poudlard express

Assise confortablement dans un fauteuil de la bibliothèque, la jeune sorcière est totalement plongée dans sa lecture. A côté d’elle, deux autres fauteuils sont vides. Voilà déjà presque un mois qu’elle a fait sa rentrée au château et que la réalité lui a sauté au visage : être une Moon, en dehors du domaine, c’est être victime de stéréotype, être mise de côté, quand ce n’est pas être la cible de moqueries ou d’agressions… Si elle a réussi à se faire quelques amis, la tâche est plus compliquée que prévu, alors, comme toujours, elle se réfugie dans ce qu’elle fait de mieux : lire. Alors qu’elle est happée par son livre, des bruits de talons lui font relever le nez de son ouvrage. Elle pose ses yeux ambrés sur un jeune homme, à peine plus âgé qu’elle. Serpentard, si elle en juge à sa robe de sorcier. « Salut ! Tu es toute seule ? Je peux me joindre à toi ? » Elle regarde son livre. Elle le regarde. Elle regarde le fauteuil en face d’elle. La méfiance pour la maison des serpents la titille, mais tant qu’il ne la dérange pas, pourquoi pas. Alors d’un haussement d’épaule, la jeune fée lui répond positivement. Il s’assoit donc délicatement en face d’elle, puis d’un grand sourire se présente à elle. « Moi c’est James Edgeworth. Je crois qu’on ne se connait pas… Tu es nouvelle ? » Elle l’observe attentivement, hésite à lui donner son nom. Après tout, les Moon n’ont pas bonne réputation. Mais son sourire charmant la met en confiance. Contagieux, il la fait même sourire en retour. « Tu as l’œil avisé, enchantée James, moi c’est Faye Moon. » Bienveillante, elle lui tend la main et s’attend à ce qu’il bute sur son nom ou n’accepte pas sa poignée de main. Mais le serpentard l’attrape sans perdre une seconde, de ce sourire charmeur qui ne le quitte pas.


Décembre 2019 | Stade de quidditch

L’apogée est à son comble. Les serdaigles sont sur le point d’attraper le vif d’or. Le match contre Gryffondor est serré, mais les aigles mènent de quelques points. Tandis que l’attrapeur se jette en vrille vers la balle dorée, l’entièreté des gradins de Poudlard l’encourage vivement. Debout aux côtés de James, les deux adolescents scandent le nom du joueur pour l’encourager. Depuis sa rencontre à la bibliothèque, James a fini par prendre une part importante dans la vie de Faye, semblable à un meilleur ami. Alors que l’attrapeur adverse fonce en piqué sur le vif d’or, Faye, surprise, retient un cri et s'accroche au bras de James lorsque les deux attrapeurs se percutent. Heureusement, l’attrapeur de serdaigle capture le vif d’or au même moment, qualifiant ainsi son équipe pour la victoire. Fous de joies, les deux amis se prennent alors dans les bras en criant et sautant pour célébrer le triomphe des aigles, imités par le reste de la foule. « C’était complètement fou ! Damian est trop fort !! Les serpentards vont devoir se surpasser pour nous battre ! » La serdaigle a dû mal à réaliser le spectacle auquel elle vient d’assister, le quidditch est vraiment un sport qui l'exalte. Elle se fait alors la promesse de rejoindre l’équipe dès qu’elle le pourra. Euphoriques, les deux amis continuent de sauter à l’unisson, jusqu’à ce que James s’arrête et, plongeant son regard océan dans le sien, glisse sa main dans les cheveux bouclés de la métisse, avant de l’embrasser avec passion. Le goût sucré de ses lèvres pressées aux siennes lui fait tourner la tête. Insidieusement, le jeune Edgeworth avait gagné le cœur de la belle. Tel un rayon de soleil venant éblouir l’obscurité de son myocarde. La serdaigle n’avait pas pu réfréner plus longtemps les sentiments qui l'habitaient : elle l’aimait.


Janvier 2020 | Couloir du rez-de-chaussée

« [...] ses genoux !!! Tu étais sur ses genoux ! » Les traits déformés par la rage, James est planté au milieu du couloir. Face à lui, une Faye aux yeux remplis de larmes prêtes à déborder. Le palpitant s’agite dans la poitrine de la jeune femme, tandis qu’une boule de culpabilité lui tord l’estomac. « Mais il n’y a rien entre nous, ce n’est qu’un ami !! Je suis désolée, James. Je voulais pas te manquer de respect, vraiment ! Je me suis pas rendue compte que tu pouvais mal le prendre… » Faye n’a jamais eu de relation amoureuse, n’a même jamais réellement côtoyé autant d’hommes depuis son arrivée au château. L’expérience est nouvelle et étrange. Alors elle se comporte avec ceux qu’elle apprécie, comme avec n’importe laquelle de ses amies ou cousines. Quand il l’avait trouvé au milieu de la cour, assise sur les jambes d’un de ses amis de serdaigle, il n’avait pas fallu longtemps au serpentard pour la prendre à part, prenant sur lui devant les autres, mais le regard sombre de celui qui allait exploser. Et il avait fallu aussi peu de temps à la bleu et bronze pour ressentir son énervement et comprendre qu’elle avait fauté. « Que JE pouvais mal le prendre ? Parce que si je ne le prenais pas mal, ce n’était pas grave ? Non mais tu t’entends ?! » Elle le fixe, lèvres tremblantes, et ne sait plus quoi dire. Elle se sent si mal, si coupable et si stupide. Ce n’est qu’un geste dérisoire à ses yeux, alors elle commence à tout remettre en question. Était-ce si insignifiant ? Elle aurait juré. Après tout, il n’est qu’un ami. Mais lire cette colère dans les yeux du serpent l’anéantit tant qu’elle n’arrive plus à déchiffrer le vrai du faux dans son propre comportement. Tout ce qu’elle souhaite, c’est se faire pardonner. Alors elle se rapproche et attrape son poignet, tout en ne quittant pas ses yeux. « Non, j’ai abusé, je le reconnais... Je n’aurais pas dû faire ça et j’en suis sincèrement désolée. » Elle tente de le prendre dans ses bras, un besoin de s’assurer que malgré tout il est toujours là pour elle. Mais le garçon la repousse, la mine dégoûtée de celui qui se sent trahi. « Tu m’as manqué de respect, tu m’as blessé, je… là, je peux pas. On se reparle demain ! » Alors le vert et argent tourne les talons et la laisse au milieu du couloir. Seule, honteuse et affligée. Cette nuit elle ne dormira pas. Cette même nuit où, insomniaque, elle trouvera un corbeau agonisant dans sa salle commune et lui proposera son aide. Mais le bleu et bronze refusera son soutien et la laissera au milieu de la salle. Seule, décontenancée et irritée.


Avril 2020 | Trois Balais

Au milieu des rires et des pintes qui s’entrechoquent, James embrasse sa belle et tendre avant de se lever de sa chaise pour se diriger vers le comptoir et commander une nouvelle tournée. Faye, euphorique et ragaillardie par ce baiser, se tourne vers le reste de la table. Pour une fois, ils sont sortis avec ses amis de serdaigle. Alors la métisse compte bien profiter de leur soirée au Trois Balais. « Hé bien ça a l’air d’être l’amour fou entre vous ! » L’une des aigles s’approche de la bouclée, le regard équivoque, et la Moon rit en réponse. « Oh oui ça l’est ! J’en suis complètement raide dingue ! » Sourire béat qui remonte jusqu’aux oreilles. Quatre mois qu’elle vit une idylle passionnée et passionnante. Deux aimants constamment collés à l’autre, Faye est trop amoureuse pour se détacher du serpentard qui a capturé son cœur. Jetant un œil au bar pour voir où en est le garçon, elle finit par reporter son attention sur la serdaigle. « Je comprends mieux pourquoi on ne te voit plus qu’en cours. Aura-t-on la chance de t’avoir pour nous seul un de ces quatre ? » Un reproche dissimulé que l’érudite ne semble même pas comprendre. Car s’ils font quasiment tout à deux, la jeune fée ne s’en rend pas compte. Aveuglée par l’amour qu’elle lui porte, il lui semble normal qu’il soit à ses côtés constamment. « Evidemment ! Et puis, vous pouvez profiter de moi dans la salle commune. » Ses lèvres se retroussent d’un air naïf. Loin de saisir qu’elle manque à ses amis. A croire que son empathie s’est envolée le jour où Cupidon a frappé. Toujours un œil sur le comptoir, la bleu et bronze finit par se lever, alerte. « Bon il a l’air de galérer, je vais aller l’aider ! » Et alors qu’elle s’éloigne, happée par la foule et le brouhaha, elle n’entend pas sa voisine exprimer ses reproches au reste de la table. « Ils vont jamais se lâcher… J’en ai marre, elle pourrait venir sans lui parfois. A croire qu’ils ne font plus qu’un… Quoi ? Non mais c’est vrai, c’est pas sain ! Il va pas mourir si elle passe quelques heures sans lui et inversement… » Le reste de la bande regarde avec insistance son air renfrogné. « Oui, ok… elle me manque ! Et je suis heureuse pour elle, mais elle a aussi le droit d’exister en dehors de son couple. »


Mai 2020 | Salle commune des serpentards

« Et t’y vas comme ça ? » Alors qu’elle se rhabille, James allongé dans le lit, Faye se tourne vers lui, hallucinée par ses propos. A-t-elle bien entendu ? « Comment ça ? Il faudrait que je porte une robe du magenmagot pour aller à Pré-au-lard ? » Elle le toise, les sourcils froncés, espérant ne pas avoir compris ce qu’elle croit comprendre. Le serpentard se relève, assis sous la couverture qui cache sa nudité. « Non non, ce n’est pas ce que je voulais dire… Mais tu risques d’avoir froid aussi peu vêtue… » Son regard se porte sur sa jupe et ses jambes nues, alors la bouclée fronce davantage les sourcils. Grondant, elle se retourne énervée et s’avance vers la porte de la chambre du serpent. « Ce que je porte ne regarde que moi, James. Et si tu es si concernée par mon bien-être, sache qu’avec le soleil qu’il y a ça devrait aller… Alors, bonne journée ! » Alors qu’elle pose la main sur la poignée, le vert et argent se relève en hâte et vient enlacer sa taille. Faye stoppe son mouvement, mais ne bouge pas davantage. Irritée, elle ne veut pas lui faire face, alors elle attend. Délicatement, il dégage les cheveux de sa nuque et vient y déposer un baiser. « Je suis désolé, je ne voulais pas t’énerver, c’est juste que… » Il semble chercher ses mots, alors la fée ne l'interrompt pas. « C’est juste que je n’ai pas envie que t’y ailles. J’ai pas envie que tu passes ton après-midi avec Cees, alors que tu pourrais le passer avec moi. » La métisse se retourne, alors qu’une boule commence à contracter son abdomen. Elle fait face au serpentard et ce regard en peine qu’il lui adresse la fait aussitôt flancher. Son désarroi la submerge. « Tu sais très bien que j’aimerais passer ce temps avec toi, mais je lui ai promis… » Elle se sent terriblement mal à l’aise de l’abandonner, mais elle n’a fait que repousser son rendez-vous, car James n’a jamais apprécié son ami, et elle aimerait enfin tenir son engagement. « Si toi aussi tu veux être avec moi, annule alors ! » Les épaules de la jeune femme s’affaissent, le regard navré. « Non, pas cette fois. » Alors que James semble animé d’une sombre affliction, en une fraction de seconde sa peine est remplacée par une effroyable colère déformant les traits de son joli minois. Ainsi la tempête se déchaîne. « Je te demande qu’une chose, de passer l’après-midi avec moi, tu pourrais au moins faire ça pour moi ! On dirait que tu ne m’aimes pas assez ! Mais très bien, vas-y, va batifoler avec ce toxico ! Mais ne reviens pas me voir… » Sidérée, Faye reste pantoise. Il lui faut quelques secondes pour réaliser et digérer ce qu’il vient de lui dire. Alors la peur l’envahit : celle de le perdre. Elle est trop attachée, ne s’en remettrait pas s’il disparaissait de sa vie. Ainsi, l’oisillon capitule. Elle n’ira pas voir son ami, pas si cela la sépare de celui qu’elle aime plus que tout. Cees comprendrait. Du moins, l’espérait-elle. Elle attrape le serpent dans ses bras et pose sa tête sur son torse. Elle sent la chaleur de sa chair contre sa joue et la respiration rythmée qui soulève sa cage thoracique. Elle déteste quand il s’énerve comme ça, surtout à cause d’elle. Alors elle préfère prendre sur elle et mettre de côté ses envies pour son bien à lui et celui de leur couple. Car, malgré ce qu’il dit, elle l’aime suffisamment pour faire ce sacrifice. « Excuse-moi. On reste ensemble cet après-midi, d’accord ? »


Septembre 2020 | Couloir de serpentard

« Hé Liam ! Tu peux prévenir James que je suis là ? » Attendant devant l’antre des serpents, Faye alpague un ami de James. Le serpentard lui répond tout sourire et s’engouffre dans leur cave. Elle aime bien Liam, s’il n’est pas des plus futés et est quelque peu lourd avec la gente féminine, le garçon est loin d’être méchant. Un des avantages à sortir avec un vert et argent c’est que la Moon a ainsi pu faire de nouvelles connaissances. La porte de leur salle commune s’ouvre et, alors qu’elle espère voir le visage de l’être aimé, Cees en sort avec deux compagnons. Son abdomen se contracte, Faye n’est pas à l’aise. Cela fait des mois qu’elle ne lui a plus parlé et qu’elle l’évite. Elle a mis de la distance pour éviter des remarques et des disputes avec James. C’était plus simple. Alors elle lui sourit timidement quand il passe devant elle et qu’il lui lance un simple coup d'œil. « Salut Cees ! » Elle ne sait pas pourquoi, mais elle ressent le besoin de lui parler, au moins de s’assurer qu’il va bien. Le serpent s’arrête, ses camarades l’imitent et il s’approche d’elle. « Salut Faye. » Il ne semble pas contrarié ou il le cache bien. Il est vrai que Cees n’est pas du genre à se formaliser de beaucoup de choses, garçon nonchalant qui se fout un peu trop de tout. Les épaules de l’érudite s’affaissent, rassurée. « Comment tu vas ? » Son sourire timide prend une allure affectueuse, sincèrement concernée par son bien-être. « Toujours bien quand je te vois ! Et toi ? » Les lippes de l’aigle s’élargissent, contente de le voir égal à lui-même. Alors qu’elle va lui répondre, elle sent une main se poser sur sa taille et des lèvres se presser dans son cou. L’amoureux est enfin sorti de sa tanière. Elle le laisse se positionner à côté d’elle, alors qu’elle lui adresse un sourire gourmand. Sa main, elle, ne quitte pas sa taille. « Salut mec. » Cees observe son camarade de maison, puis la regarde. La situation semble presque l’amuser, le fourbe. Alors James le toise, condescendant, et il souffle un salut qui peine à sortir, comme si cela lui en coûte de rendre la politesse. La boule qui tordait son intestin quelque temps plus tôt ne fait qu’accroître. Voilà pourquoi elle s’est éloignée de son ami, pour s’éviter ce genre d’événement embarrassant. Lâche petite fée. Finalement, Cees capitule et ne s’attarde pas plus avec le couple. « Toujours un plaisir, James. A bientôt, Faye ! » Un clin d'œil pour la Moon et voilà que le serpent s’est envolé. Alors James se tourne vers elle, le regard sombre. « Je croyais que vous ne vous parliez plus… Dois-je te rappeler que c’est un toxico ? Qu’est-ce que les gens vont penser si tu traines avec lui ? » Elle serre les dents et plante ses griffes dans sa paume à s’en faire mal, réflexe quand elle est anxieuse. « Je me moque bien du regard des autres. Je suis une Moon je te rappelle… » Les rumeurs et les regards en biais sont monnaie courante pour elle. « Et le mien alors ? Tu sais très bien que je n’aime pas le voir avec toi… Il a clairement envie d’être plus que ton ami, j’aime pas ça. » Même si elle est persuadée que ce n’est pas le cas et que Cees est simplement un séducteur invétéré, Faye se garde bien de le lui dire. James est têtu et cela ne ferait que remettre de l’huile sur le feu. Alors, comme à son habitude, la Moon opte pour la tactique de le rassurer et ainsi mettre rapidement fin à cette dispute qu’elle aurait préféré éviter. « Peu importe ses envies, les miennes vont vers toi. C’est toi que j’aime, James, et ça ne changera pas. » Ses talons se soulèvent, prenant appui sur sa pointe de pied, et ses lèvres viennent capturer les siennes. Ses mains se glissent autour de son cou, tandis que le baiser devient plus passionné. Ces disputes incessantes au sujet des garçons qui l’entourent commencent à la fatiguer, mais la belle Faye est trop amoureuse pour ne serait-ce qu’envisager d’y mettre un terme. Alors elle prend sur elle, encore, et soulagera ce sentiment qui gonfle en elle, en déversant ses sanglots dans cet oreiller qui sait si bien étouffer ses pleurs.


Février 2021 | Parc

« [...] Je peux plus ! » Les larmes dégringolent sur ses joues, alors qu’elle hurle sur l’homme qu’elle a aimé de toute son âme. Des mois que la joie a quitté son quotidien, qu’elle passe ses nuits à pleurer seule dans l’obscurité. Si elle l’aime, elle n’est plus heureuse et la terrible vérité est insupportable pour son palpitant. Elle se sent déchirée, désespérée, aspirée dans un gouffre sans fond. Il n’est pas celui qu’il lui faut. Il l’enchaîne et la musèle, il l’aime pour ce qu’il aimerait qu’elle devienne pour lui et non pour celle qu’elle est. Et quand la révélation l’a frappé, ce fut pire qu’un coup de poing en pleine face. Un véritable poignard qui traversa son cœur et l’entailla avec une douloureuse lenteur. Elle l’avait aimé du plus profond de son âme et c’est ce qui l’avait perdu. Elle avait fini par s’oublier, disparaître pour n’être plus que celle qui serait suffisante à ses yeux. Mais malgré ça, ce n’était jamais assez bien. Malgré tous les efforts, toutes les concessions, elle n’était jamais conforme à ses attentes. Et ça la tuait à petit feu. « C'est de ta faute si tu te mets dans cet état, pas de la mienne. » Il lui a attrapé le poignet, tandis que les flocons s’abattent sur leurs crânes. « Ma faute ? » C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La Faye conciliante et toute gentille s’efface enfin pour faire ce qu’elle aurait dû faire depuis des mois. « MA FAUTE ?! Mais tu te fous de ma gueule ! J’ai tout fait pour toi ! TOUT ! J’ai abandonné tout le monde ! PAR AMOUR POUR TOI ! Et c’est quand même pas suffisant… Je suis plus heureuse, James. J’en peux plus de tout ça !! C’est fini… » Les perles s’agglutinent au bord de ses cils, mais c’est désormais la rage qui pétille dans ses yeux. Cette fois, il n’y a pas de retour en arrière. Elle n’est pas James qui jette ces mots à tout va à la moindre dispute. Non, si elle les a dit, c’est qu’elle les pense et qu’elle ne reviendrait pas dessus. Il en va de son salut. Elle tire sur son poignet, déjà marqué par des ecchymoses, pour qu’il la lâche et l’impétueuse se retourne sans un regard. « Pardon ? Non, Faye, tu peux pas me lâcher comme ça ! » S’il paraît en détresse, le ton de sa voix ressemble davantage à une menace. Alors la Moon s’arrête et se retourne une dernière fois pour lui. « Oh si ! Je t’ai aimé, je t’ai tout donné, mais tu n’as pas su t’en contenter. On aurait pu être heureux, à jamais. Mais t’as tout gâché par égoïsme et égocentrisme. Je t’aime, mais cette fois-ci c’est moi qui vais être égoïste. Alors oui, pour mon bien, je mets un terme à tout ça ! » Le vent s’engouffre dans sa cape qui se soulève derrière elle. « Laisse-moi tranquille, vis ta vie et ne m’approche plus. » C’est comme si elle avait attrapé son propre cœur et qu’elle l’avait broyé entre ses doigts. La douleur est telle qu’elle sent ses jambes trembler sous sa jupe. La décision est horrible à prendre tant son amour pour lui est immense, mais elle sait au fond que c’est le meilleur choix. Alors son corps se met sur pilote automatique, la fait se retourner et marcher droit jusqu’au château. Quand elle est enfin entrée au chaud, elle ouvre la première salle vide venue et s’y engouffre pour s’échouer contre le mur et laisser s’échapper toutes les émotions qui l'assaillent. Elle ne sait pas combien de temps elle est restée là à vider toute parcelle d’eau de son corps, avant d’envoyer ce petit mot à son cousin pour qu’il vienne la chercher. Car de tous ceux qu’il lui restait, Elliot était bien le seul capable de comprendre sa peine sans la juger. Et s’il lui fallut des mois pour se remettre de cette rupture, encore aujourd’hui la belle n’en est pas complètement libérée. Traumatisme de l’engagement qui la poursuit.


Décembre 2022 | Bal de l’hiver

Retour dans la Grande salle, après cet étrange instant à valser avec le corbeau de malheur. Encore perturbée par cet échange aussi intense que déroutant, ce n’est qu’au dernier moment qu’elle remarque James qui se dirige dans sa direction. Superbement vêtu, ce sourire charmeur toujours pendu à ses lèvres, il tend sa main vers elle, paume vers le ciel. « Tu m’accordes une danse ? » Immobile, la Moon a un temps d’arrêt et fixe sa main, décontenancée. Puis, elle se reprend bien vite, comprenant où il cherche à en venir. « Non, commence pas s'il te plait… » Son regard las en dit long, elle ne compte pas passer plus de temps en sa compagnie. Le serpentard prend un air vexé, presque agacé et ça fait lever les yeux à la serdaigle. « Hmpf… ok. Tu accordes de ton temps à Pendleton, Nevrakis, Staghart ou même Liam, mais pas à moi. » Il a cet éclat sombre qui voile son regard quand il évoque tous les garçons avec qui elle a discuté ce soir. Malgré tout ce temps, la voir en compagnie d’autres hommes continue de le hanter. Et ça énerve la bleu et bronze autant que ça la peine. Irritée de le voir toujours aussi jaloux et possessif alors même qu’ils ne sont plus un couple depuis bien longtemps. Navrée de voir qu’il n’est toujours pas capable de passer à autre chose. Pourtant, si l’on en croit les rumeurs… Son front se plisse entraînant ses sourcils dans le même temps et Faye croise les bras. « Non, James. » Heureusement, le serpent semble capituler, puisqu’il lève les deux bras en l’air et se recule. « D’accord d’accord, j’te retiens pas ! » Alors elle décroise les bras et le contourne sans un mot de plus, pressée de s’éloigner de la toxicité de cet homme. « Jolie robe, au fait ! » Il s’est tourné vers elle, sourcil arqué et sourire en coin. La métisse fait un léger temps d’arrêt dans sa marche en entendant ses mots. Que cherche-t-il à faire ? La mettre mal à l’aise ? Retrouver une emprise sur elle ? Elle ne comprend pas et ne perd pas davantage de temps à le comprendre. Sans lui accorder plus d’importance, elle continue sa route, éloignant son chemin de la vie de ce pervers narcissique.